

La question de l’indépendance de la justice est toujours d’actualité aux pays des hommes intègres . C’est le constat qui résulte des évènements marquant la vie politique ces deux jours .
En effet ,à l’issue d’un procès sur une affaire foncière , Mr Jacques attributaire légal d’un terrain sur lequel une mosquée avait été érigée par sieur Guigma a été restauré dans ses droits suite à une décision de justice .Celui-ci procéda à la démolition de la mosquée sur son terrain .Cette démarche n’a pas été appréciée par les fidèles musulmans fréquentant la dite moquée . Le climat social monte d’un cran .Afin de résoudre la crise le gouvernement décida de prendre le problème à bras le corps et suspend la démolition .Le Président de l’Assemblée Nationale s’est même déplacé sur les lieux et a promis de reconstruire la mosquée .
Près de 08 mois passés rien ne s’est posé comme acte concret qui puisse rassurer les fidèles musulmans du respect de la parole du gouvernement .C’est ce qui est ressorti lors d’une conférence de presse animée par la Coordination des Jeunes Musulmans du Burkina Faso (CJMBF ) le 01 mai au CBC .Une conférence au cours de laquelle les membres de l’association annonçaient organiser une marche meeting les jours qui suivraient si le gouvernement n’y faisait rien .
Moins d’une semaine de cette sortie médiatique ,une note du gouvernement tombe comme un coup de tonnerre .
– le terrain litigieux est exproprié pour cause d’utilité publique
– le dit terrain est réattribué à la FAIB .
– Un autre terrain est attribué à Mr Jacques ,attributaire légal du terrain litigieux .

Le gouvernement venait de fouler à pied une décision de justice en expropriant un terrain d’un particulier au profit d’une communauté religieuse .
Le troisième pouvoir s’est heurté dans son pouvoir .L’exécutif s’immisce ainsi dans les affaires du judiciaire .Et pourtant un principe régit ces pouvoirs à savoir l’indépendance .Dans son indépendance le judiciaire s’est fait dépendre de l’exécutif puisque ces décisions souffrent d’exécution .
Sommes nous pas dans le droit de se poser la question si le judiciaire est toujours indépendant ? Si l’exécutif peut s’arroger des pouvoirs du judiciaire tout en donnant une autre décision sur une affaire déjà jugée par le judiciaire qui devient d’ailleurs la décision puisque c’est celle qui sera appliquée .
Mais oui un revirement spectaculaire vient de se produire aux pays des hommes dit intègres : l’exécutif devient le juge de cassation du judiciaire c’est-à-dire celui chargé à même de dire le droit puisque la décision du judiciaire a été cassé par celui-ci et jugé par lui-même .
A l’allure où vont les choses on douterait de l’indépendance de nos institutions judiciaires si l’on peut déroger d’une décision de justice pour décider autrement quelqu’en soit la raison évoquée .
Daouda SAWADOGO