

Dans un entretien exclusif accordé à www.eclairinfo.net le 01 juillet dernier, M. Anatole BONKOUNGOU, président de l’ODT et par ailleurs, maire de l’arrondissement 04 de Ouagadougou s’est prononcé sur la situation de la nation.
L’entretien
www.eclairinfo.net : Quelle analyse faites-vous de l’état de notre pays ?
Anatole BONKOUNGOU : Notre nation traverse une situation sécuritaire pas facile et je crois qu’en pareil situation nous devons véritablement taire nos divergences et nos points de vue sur le plan politique pour sauver l’essentiel.
Justement parlant de cette situation, le chef de l’État dans son adresse à la nation a parlé de la prise de mesures fortes dans les jours à venir. Croyez-vous-en cela ?
Je crois à ces mesures. Le peuple burkinabè lui a accordé sa confiance en le portant à la tête de notre pays. Je crois que ce qui nous reste c’est de lui faire confiance, l’encourager à poursuivre et c’est à l’issu de cela que nous pourrons le juger par la suite. Cependant, si nous travaillons à le décourager ou à le stopper, je me dis que nous ne lui rendons même pas service.
Malgré cette annonce du président du Faso, l’opposition politique tient à sa marche qu’elle entend organiser les 03 et 04 juillet ? Quelle est votre position par rapport à cette marche ?
Moi je ne marche pas, et ce n’est pas parce que je ne suis pas conscient de la situation. Déjà pour ces regroupements, dans une nation il faut même les sécuriser parce que personne, ni le pouvoir, ni l’opposition ne sait véritablement où le danger se trouve. Toutefois, je les comprends car c’est républicain et c’est normal qu’ils puissent manifester leur mécontentement. Cependant, je crois qu’en tant que burkinabè, ils pouvaient voir à quel moment poser ces actes. A partir du moment où le dialogue n’est pas rompu on doit pouvoir se parler. Ceux même qui s’affrontent, finissent par s’entendre, ils finissent par s’asseoir pour discuter. Est-ce que marcher est la seule voie ? Je crois que nous pouvons emprunter d’autres voies jusqu’à épuiser tout ce qui est voies de recours pour amener ceux qui sont à la tête du pouvoir de revoir la copie. Les gens qui nous attaquent n’épargnent personne. Que tu sois de l’opposition, du pouvoir ou même que tu ne fasses pas la politique, tout le monde en pâtit et face à une telle situation je crois que nous devons persévérer dans le dialogue et interpeller les décideurs à être plus à l’écoute.
Que pensez-vous des affirmations selon lesquelles, nous avons des hommes qui sont dans les prisons et qui pourraient apporter quelque chose dans cette lutte ?
Est-ce que c’est le gouvernement qui a emprisonné ces militaires-là ? C’est la justice. Ce sont des Burkinabè qui ont fauter à mon point de vue et la justice a reconnu. Je crois que la prison est une manière d’amener les gens à se racheter. Dans le cadre du dialogue politique, l’idéal n’est-il pas qu’on se demande ce qu’on peut faire face à cela ? Les mêmes juges qui ont appliqués la sentence, sont des burkinabè et ils sont conscients de la situation. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Est-ce que malgré tout ça on peut se parler ?
Partagez-vous l’idée de la négociation avec ces forces du mal ?
S’ils sont identifiés, mais jusqu’à présent on ne m’a pas dit qu’ils sont identifiés. S’ils sont identifiés ce sont des êtres humains quel que soit leur déformation. Mais personne ne m’a déjà dit qu’ils sont identifiés et qu’ils sont dans tel coin. Est-ce que vous avez déjà entendu que ceux qui nous combattent sont à tel endroit ?
Parlons du remaniement ministériel où le chef de l’Etat occupe désormais le portefeuille de la défense et Maxime KONÉ à la Sécurité. Quelles appréciations faites-vous de cela ?
Le président du Faso est avant tout le chef suprême des armées. Qu’il décide aujourd’hui de prendre les commandes est un choix. Maxime KONE est un monsieur que je connais parce que nous avons fait 05 ans ensemble à l’Assemblée Nationale. Je sais que c’est un monsieur qui se bat donc pour nous. Avançons et rassurons-leur de notre soutien inconditionnel et indéfectible et je pense que ça peut les stimuler. Aussi, j’invite les burkinabè à faire confiance à ce remaniement, histoire de voir un peu ce que ça va donner.
Le Chef de l’État avait déjà occupé ce même poste.
Le chef de l’État est le garant de notre sécurité et c’est constitutionnel. Il dit qu’il prend la chose en main et même pas 72 heures on commence à douter. Laissons-le avancer. Mais si déjà on met en doute ce qu’il est en train de faire je me demande est-ce qu’on ne dit pas donner moi je vais faire ! On vous confie la clé d’une voiture, vous avez le permis mais on vous dit que vous ne conduisez pas sans pour autant demander la clé. Implicitement, c’est comme si on demandait la clé.
Des députés se plaignent lors des journées de redevabilité que le budget alloué à la sécurité n’est pas utilisé à bon escient. Qu’avez-vous à dire sur cette question ?
Si on estime en tant que parlementaire que ce qui a été fait n’est pas à la hauteur, ou qu’on doute de comment cela a été utilisé, on peut commanditer un audit, une enquête parlementaire pour comprendre. Tous ce qui sera relever comme manquement, sera exposé dans le temple politique qui est l’Assemblée Nationale. A l’issu de cela, on débat à un niveau. Cependant, lorsqu’on le renvoi dans le public pour discuter souvent avec des gens qui ne sont pas forcément outillés, c’est empoisonner le climat politique.
Pour terminer, Monsieur le Maire, quelle analyse faites-vous de la forme du terrorisme qui se développe au Burkina ?
Ce n’est pas une guerre religieuse et il faut qu’on enlève ça de nos têtes car si on part sur ce terrain nous allons rater. Il y a à l’intérieur un travail de changement de mentalité et de lavage de cerveaux qui s’implique dans cette situation. La situation économique du pays n’est pas nouvelle. Est-ce que c’est en nous attaquant que nous allons nous en sortir ? Combien coûte une kalachnikov ? Est-ce que si c’est véritablement la question de précarité, la somme de ce qu’on utilise pour attaquer ou pour contrer le tout réunis ne peut-il pas faire de ce milieu l’Eldorado ? Je crois qu’il faut revoir la chose autrement.
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