
Coup d’état du 24 janvier:‹‹ Le MPP et ses alliés sont totalement responsables.›› dixit Adama Coulibaly président de APP/BURKINDI.
Dans un entretien exclusif accordé à www.eclairinfo.net le 26 février, Adama Coulibaly président du parti Alternative Patriotique Panafricaine (APP/ BURKINDI) se prononce sur la récente prise du pouvoir par l’armée; sa participation l’élection présidentielle de 2020 ;le rôle que son parti entend jouer auprès des millitaires au pouvoir et enfin les propositions de son parti pour la résolution de crise sécuritaire que traverse le Burkina.
eclairinfo.net : Le Burkina vient d’enregistrer son nième coup d’état de son histoire, en tant que politique comment expliquez-vous la prise récente du pouvoir par l’armée ?
Notre pays a mal à sa gouvernance depuis les indépendances, soit bientôt 62 ans. Deux présidents civils Maurice YAMEOGO, 6 ans de règne et Roch Marc Christian KABORE, 6 ans au pouvoir, incompétents, coupables de mal-gouvernance, de gabegie, de corruption, de bradage des richesses nationale et pour finir impopulaires et chassés du pouvoir. Leurs échecs ont conduit à des coups d’État, en 1966 après l’insurrection du 3 janvier, en janvier 2022 suite à la dégradation de la situation générale du pays. C’est dire que les militaire ont gouverné notre pays durant 50 ans. Tout cela pour aboutir à l’état actuel de délabrement généralisé du pays ! Quel est le problème alors ? Comment expliquer les deux derniers grands drames de Solhan et de Inata ? Responsabilité exclusive du Président civil ou de la hiérarchie militaire, ou les deux ? Je dirais que la nature néocoloniale de notre État explique en grande partie son échec relativement aux intérêts du peuple et de l’Afrique. Cet État néocolonial, conçu et dirigé par la Françafrique et ses cadres locaux, politiques, hauts cadres de l’administration publique, militaires de haut rang, acteurs privés de l’économie, intellectuels, juges et journalistes acquis, etc. Cette catégorie égoïste de nos compatriotes a choisi d’exister et de servir des intérêts extérieurs. En contrepartie, ces anti patriotes occupent une position privilégiée au-dessus d’un océan de misère des populations entretenu par le pillage de nos ressources et l’instrumentalisation de nos institutions publiques. Ils font en sorte de bloquer et saboter de manière systématique la carrière des fonctionnaires patriotes et le fonctionnement des entreprises privées nationales au profit de leurs entreprises dirigées par des prête-noms ainsi que les grands groupes économiques étrangers. Ce système hideux de grande prédation est responsable de l’instabilité permanente du climat économique, financier, social et politique de notre pays. Pour le cas précis du dernier coup d’État, il faut dire que le Président KABORE, son parti le MPP et ses 105 partis alliés de l’APMP ont poussé le bouchon loin. Ils ont plongé le pays dans un chaos indescriptible. Ils sont totalement responsables de la survenue de ce coup d’État.
eclairinfo.net : En 2020 vous aviez été candidat pour la présidence, mais vos dossiers ont été rejetés en dernière minute, pouvez-vous revenir sur cet incident.
J’ai été investi par mon parti, l’APP/Burkindi, candidat à l’élection présidentielle de 2020. La CENI a invalidé ma candidature au motif que je n’avais pas payé la caution, alors même que le jour de la validation des candidatures, mon mandataire avait en mains le reçu de paiement du Trésor public. Malgré les interventions en ma faveur de mandataires d’autres candidats, le président de la CENI a catégoriquement refusé de prendre en compte ma candidature. J’ai introduit auprès du Conseil constitutionnel un recours en annulation de la décisions abusive et injuste de la CENI. Comble de l’absurde, le Conseil constitutionnel a rejeté mon recours parce qu’en vertu d’une modification de janvier 2020 de la loi électorale, les seuls recours relevant de sa compétence concernent exclusivement les demandes d’exclusion de candidats. On peut exclure, mais on ne peut pas examiner les recours en réintégration de celles et ceux qui sont abusivement écartés par la CENI. En la matière, la CENI a ainsi des pouvoirs supérieurs à ceux du Conseil constitutionnel. J’ai été victime de notre parodie de démocratie électorale.
eclairinfo.net : Aujourd’hui ce sont des militaires qui sont au pouvoir, êtes-vous prêt à les accompagner d’autant que c’est un régime non issu d’élection ?
Autant nous sommes contre la Françafrique et sa parodie de démocratie avec la corruption électorale généralisée et la fraude à tous les étages, autant nous sommes contre les coups d’État. Les militaires, que nous soutenons sur le front de guerre, n’ont pas vocation à gouverner mais à protéger le territoire national et les populations. Cependant, l’APP/Burkindi a pris acte de la survenue du coup d’État du 24 janvier par le MPSR qui est intervenu comme un soulagement dans un climat de chaos, de descente aux enfers de la nation.
En tant que militants patriotes panafricains, nous encourageons et soutenons toute action patriotique visant à sauver la nation et protéger notre peuple et l’Afrique. Avant même la mise en place de la commission technique, l’APP/Burkindi a fait parvenir au MPSR des propositions pour une transition réussie et en faveur des intérêts du peuple. Par la suite, dans le cadre de l’ONA, nous avons rencontré la commission technique pour exposer la contribution de notre regroupement de partis. Contribuer à la réussite de la transition, c’est accompagner de manière responsable le pays vers une sortie de crise, ce n’est pas soutenir les militaires, mais l’action patriotique qu’ils envisagent de mener. Nous sommes en guerre contre le terrorisme et l’occupation du territoire et toutes les énergies patriotiques et populaires doivent être mobilisées pour sauver le pays. Le pays sera sauvé si un front de guerre parallèle est ouvert contre la grande corruption qui gangrène toutes les strates de notre État. Nous sommes prêts à ces combats pour la patrie !
eclairinfo.net :Notre pays est confronté depuis près de 07 ans à un problème d’insécurité, que propose l’APP/BURKINDI pour la résolution de cette crise ?
La déliquescence morale et professionnelle de toutes les institutions de notre pays impose d’engager plusieurs fronts de guerre.
La guerre contre le terrorisme, la guerre contre la corruption, la guerre contre le déchirement violent du tissu et de la cohésion sociales à travers la stigmatisation des communautés. Tout cela contribue à nourrir et amplifier l’insécurité et fait courir un risque majeur de déflagration de l’État et de la nation. Ces trois fronts de lutte doivent être menés de manière concomitante.
Il nous faut réformer et doter de moyens matériels et de formation conséquents et adaptés l’armée nationale et les FDS afin qu’elles deviennent davantage républicaines, patriotiques et plus performantes. Revoir en profondeur la doctrine d’emploi des VDP et des auxiliaires de sécurité et instituer des mécanismes rigoureux pour leur encadrement, pour mettre fin à certaines dérives qui leur sont imputées et qui sont à coup sûr des facteurs d’expansion de la menace terroriste. Il faut également réviser les accords bilatéraux dans la lutte contre le terrorisme et les accords de défense et de coopération en général, diversifier les partenariats de manière lucide et courageuse.
En outre, il faut rapidement donner une suite judiciaire diligente à certains dossiers emblématiques (Yirgou, Tawalbougou, Barga, etc.) pour apaiser les cœurs au niveau de certaines communautés et marquer le retour de l’autorité étatique dans les zones occupés. En même temps, engager un dialogue sincère inter et intracommunautaire autour des facteurs incitatifs et attractifs de radicalisation des jeunes issus des communautés rurales défavorisées. Cela doit s’accompagner par la mise en place de mécanismes spécifiques adaptés pour assurer un accès équitable aux ressources naturelles à l’effet de minimiser certains conflits communautaires, principalement entre agriculteurs et éleveurs, source de nombreuses tensions et facteurs potentiels de radicalisation des populations.
Dans le cadre de la lutte indispensable contre la corruption, il faut également mettre en place une justice spéciale et rapide, dotée de moyens conséquents pour enrôler et juger les dossiers de crimes économiques répertoriés par l’ASCE/LC et d’autres organismes publics ou OSC.
Si ces trois fronts sont abordés de manière ferme et rigoureuse, les autorités de la transition pourront dans un délai raisonnable commencer à organiser le retour de l’administration et de certains PDI dans leurs localités d’origine libérées et sécurisées.
Daouda SAWADOGO
www.eclairinfo.net
APP BURKINDI avec ADAMA COULIBALY à sa tête est une ALTERNATIVE CRÉDIBLE pour le FASO.
Discours non seulement Patriotique, constructif débarrassé de tout calcul , il est très révolutionnaire .