
En conférence de presse le 11 Avril,le porte-parole du gouvernement ,Lionel Bilgo a annoncé l’instauration prochaine de l’Etat d’urgence sur toute etendue du territoire national.Ce au regard de la persistance de la crise sécuritaire que traverse le pays.
Déjà instauré dans certaines provinces du pays ,l’Etat d’urgence est une mesure permettant au gouvernement de restreindre certaines libertés des citoyens lorsque la nation est en péril. Encore faudrait-il que ce péril soit imminent.C’est le chef de l’État qui a compétence pour le proclamer.
De la réglementation de l’Etat d’urgence .
Au Burkina Faso ,c’est la loi N°023-2019/AN qui le réglémente.Selon l’article 10 de la dite loi ,l’Etat d’urgence est une situation de crise permettant aux autorités administratives de prendre des mesures exceptionnelles en matière de sécurité et qui sont susceptibles de porter atteinte aux droits et libertés des personnes.
Il peut être déclaré sur ‹‹ tout ou en partie du territoire, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant le caractère de calamité publique de par leur nature et leur gravité”.
Les prérogatives de l’autorité en état d’urgence
Selon l’article 13 de la loi N°023-2019/AN,le ministre en charge de la sécurité et celui en charge de l’administration territoriale, selon leurs domaines de compétence, ou le chef de circonscription administrative compétent, peut, dans les zones où l’état d’urgence est en
vigueur :
˗ requérir les personnes, les biens et les services ;
˗ interdire la circulation des personnes ou des véhicules sur toute l’étendue de son ressort territorial ou dans des lieux précis et à des heures fixées par arrêté ;
˗ ordonner des perquisitions, de jour et de nuit, dans les domiciles des
citoyens ;
˗ requérir ou faire requérir la force armée et lui confier des tâches de
maintien ou de rétablissement de l’ordre en collaboration avec les forces de sécurité intérieures ;
˗ ordonner le dépôt des armes et munitions, la recherche de toute cache d’armes et procéder à leur enlèvement en cas de découverte ;
˗ contrôler les contenus des médias et interdire les publications quel que soit le support utilisé ainsi que les réunions qu’elle juge de nature à inciter, à créer ou à entretenir le désordre ;
˗ contrôler, interdire et faire cesser tout enseignement, prêche, programme ou activité incitant à la violence, à la haine ou à l’extrémisme religieux ;
˗ assigner à résidence toute personne qui incite, crée ou entretient le désordre de quelque manière que ce soit ;
˗ suspendre ou dissoudre tout groupe ou association qui participe ou incite à la commission d’actes portant atteinte à l’ordre public
Une mesure déjà en vigueur mais pas de résultats probants.
Six (06 ) régions du pays vivent ou ont déjà vécu l’Etat d’urgence.Il s’agit de la région du Nord ,de la Boucle du Mouhoun ,du Centre Nord ,de l’Est,du Centre-est et le Sahel.Des régions qui sont sous menaces terroristes. Aujourd’hui généralisé, l’état d’urgence suppose l’établissement d’un bilan positif dans les régions où il est en vigueur.Or si l’on fait le constat on se rend compte que parmi ces 06 régions ,la situation sécuritaire est toujours délicate.Des établissements publics continuent de se fermer ;les villages se vident ;des populations sont toujours massacrées.Quant à sa généralisation aujourd’hui , se pose la question de son intérêt, au regard du bilan.
De l’intérêt de sensibiliser les populations.
Nous sommes dans un pays ou la quasi-majorité de nos concitoyens ne maitrisent pas la règle de droit.Ils sont nombreux à ne point savoir en quoi consiste l’Etat d’urgence.
Pourtant dans cet ordre,le burkinabè est amené à adopter un certain nombre de comportement,renoncer une partie de ses libertés pour la survie de la nation.Cependant si le gouvernement se lève du jour au lendemain et décréter l’état d’urgence sans en avoir communiquer plus la dessus son application pourrait se heurter à des réticences.
Même si le chef de l’État a eu à brosser cela dans son adresse à la nation,il faut des campagnes de sensibilisation surtout dans les langues nationales. Sans ces préalables ,c’est réveiller de nouveau les mouvements de la population.Or de nos jours ,la renaissance de tels mouvements pourrait sombrer à nouveau le pays.
Que la paix revienne au Faso !
Daouda Sawadogo ,journaliste