Depuis son déclenchement en 2015, la crise sécuritaire n’a cessé de faire des remous socio-politiques au Burkina Faso. Des déplacements internes, des tueries, des modifications de la ligne budgétaire pour ne citer que; le plus important est le retour des militaires au pouvoir. Scandant leur engagement à ramener la paix, des militaires regroupés autour d’un mouvement dénommé “Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration ” ont mis fin au régime de Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier 2022.
Depuis lors, son parti le Mouvement du Peuple pour le Progrès ( MPP) a vu le départ de plusieurs de ses cadres qui sous la houlette de Abdoulaye Mossé, ont mis en place le Parti Panafricain pour le Salut (PPS). Ousmane Boly est l’un des membres fondateurs de ce dernier né de la classe politique burkinabè. Dans les locaux de eclairinfo.net ce samedi 11 juin 2022, il a souligné l’engagement du parti à accompagner le MPSR pour la réussite de la transition dans une interview que nous vous proposons.
Éclair info : Trois mois d’existence du PPS déjà qu’est-ce qu’on peut retenir ?
Trois mois d’existence on peut retenir que le parti a déjà son récépissé, soit après l’assemblée générale constitutive. Nous avons déposé les statuts et les règlements intérieurs et obtenus notre récépissé. Le parti est légalement reconnu. Nous avons automatiquement mis une stratégie sur le terrain et on peut dire qu’à l’heure actuelle le parti est formellement implanté sur l’ensemble du territoire. La machine est en marche et nous sommes satisfaits des résultats.
Éclair info : Vous avez décidé de porter Abdoulaye Mossé à la tête; qu’est ce qui a prévalu son choix ?
Ousmane Boly : ‹‹ C’est un meneur d’homme, c’est un homme de l’ombre et dans la sphère politique depuis longtemps. Tout le monde connait sa capacité de mobilisation, d’organisation. Nous avons trouvé normal, légitime que pour un début qu’il prenne le train en marche. Avec l’énergie qu’il a il pourrait faire bouger la locomotive et bien sûr les autres wagons qui sont derrière.
Éclair info : La majorité des membres fondateurs de votre parti sont des démissionnaires du MPP, était-il un projet ?
Ousmane Boly : Depuis que le parti a été créé je ne pense qu’on ait parlé mal du MPP. C’est vrai que beaucoup sont des transfuses du MPP mais aujourd’hui la majorité des militants ne sont pas du MPP et pas les moindres. Nous avons enregistrés la venue des députés de plein de partis au Burkina aussi bien de l’ancienne majorité présidentielle que de l’opposition. Nous avons enregistrés également de nombreux ex maires, des élus locaux d‘autres partis. Aujourd’hui, si l’on va faire le point, je ne pense que vous tiendrez le même point de vue. Cependant pour tout début on a besoin des gens pour engager le train et au fur et à mesure des gens qui sont convaincus vont rejoindre.
Éclair info : Vous avez pour idéologie la sociale démocratie tout comme votre ancien parti le MPP, pourquoi quitter un parti de la même idéologie pour créer un autre ?
Ousmane Boly : Tous les chemins ne mènent pas à Rome .Certains disaient que tous les chemins menaient à Rome mais vous ne pouvez pas forcer votre épouse à avoir les mêmes points de vue que vous. Vous pouvez avoir les mêmes idéo pour construire votre foyer mais il peut avoir des points de vue divergents. Le CDP avait quoi ? C’est la sociale démocratie, le MPP c’est la sociale démocratie mais est-ce que la manière de faire c’est la même chose ? Cela dépend de la manière de faire et quels sont les hommes qui ont été responsabilisés pour mener le navire à bon port ? Ça dépend beaucoup de facteurs. C’est vrai que nous avons pour idéologie la sociale démocratie mais les hommes pour piloter peuvent être différents, également les manières pour procéder. Nous pensons que nous avons encore une vision beaucoup plus panafricaniste, de rassemblement ; Il n’y a pas d’exclusions. Il y’a des ex- CDP, des honorables députés qui nous ont rejoint ; il y’a des députés du NTD qui sont également avec nous. Nous partons dans un bloc de réconciliation, nous avons besoin de tout le monde, main dans la main pour pouvoir porter ce projet. Voici déjà ce qui nous diffère des autres de la sociale démocratie.
Éclair info : Bientôt un semestre que les militaires sont aux commandes, quelle analyse faites-vous de la gestion de la crise sécuritaire ?
Ousmane Boly : La crise sécuritaire ne date pas d’hier et elle est sous régionale. Je pense qu’il y’a un proverbe moaga qui dit ’’ Ouf yaaka goudfo touf goin’’. Cela veut dire qu’il ne faut pas regarder la case du voisin brulée et se mettre de côté. Aujourd’hui après la prise du pouvoir par les militaires, ils sont au niveau décisionnel et au niveau opérationnel et il y a une nuance parce que quand vous décidez et vous organisez normalement vous devriez être efficace. C’est vrai que le régime passé a fait ce qu’il peut faire mais nous sommes arrivés à une situation ou ce qui se passait on disait que c’est une guerre asymétrique, les armées que nous connaissions ne sont pas forcément organisées pour y faire face. Il fallait s’organiser, également équiper les forces de défenses et de sécurité et redistribuer les rôles parce que la police, la gendarmerie, l’armée, les eaux et forêts chacun avait ses responsabilités mais tout le monde fait face à cette guerre asymétrique. Pour notre part ce travail demande un peu de la patience comme le chef de l’État l’avait demandé. Et nous constatons depuis un certain temps des résultats palpables dans certaines régions. Si nous faisons une lecture on voit que les terroristes ont changé de méthodes. Au début ils disaient aux populations qu’ils n’ont pas besoin d’elles plutôt des forces de défenses et de sécurité. Aidez-nous à les faire partir et on s’occupe de vous. Dans certains endroits les FDS sont parties ils se sont retournés contre les populations .Mais ces derniers temps il y’a des actions qu’on pourrait dire, je ne sais si c’est du désespoir. On ne doit pas baisser les bras mais accompagner les militaires pour qu’ils réussissent la mission noble qui les a conduit au pouvoir, retrouver notre intégrité territoriale et cela demande le concours de tout le monde.
Éclair info : Donc selon le PPS, le MPSR est sur le bon chemin ?
Ousmane Boly : Pour nous, ils sont sur le bon chemin bien que la situation soit difficile. Dans certains endroits on a des résultats palpables et nous pensons plutôt qu’il faut accompagner ces actions par une réinstallation des forces de défenses et de sécurité et un retour de l’administration dans ces zones pour davantage sécuriser parce que quand on laisse la nature a horreur du vide. Quand on nettoie et on fait un repli les gens reviennent. N’oublions pas que nous sommes dans un contexte sous régionale difficile. Les gens se replient vers des pays voisins quand ça va pas et quand ça ils reviennent. Cela veut dire que quand on nettoie il faut s’installer. Il y’a un pays voisin qui a opté cette stratégie et cela demande beaucoup d’hommes et nous pensons quand on regarde dans la stratégie il y’a un avis de recrutement d’effectif supplémentaire de l’armée parce que il faut reconnaitre que face à cette situation il faut encore déployer suffisamment d’hommes sur le terrain.
Éclair info : Dans ses méthodes de lutte le gouvernement a décidé de dialoguer avec ces forces du mal, est-ce une bonne option ?
Ousmane Boly : Dans le monde entier personne n’a réussi une guerre sans négociation. J’ai toujours dis aux gens, on vit dans nos foyers mais on négocie, souvent ça ne va pas entre le couple ; c’est la négociation qui finit. Certains qui n’ont pas compris qu’on peut toujours négocier, arrivent à des positions extrêmes. Même les pays les plus puissants ont négocié. Regardons en Afghanistan au Viêtnam. Mais maintenant qu’est-ce qu’on met dans le contenu de la négociation. Le ministre de la défense l’a dit, la plupart de ceux qui nous attaquent sont nos frères, ils ne viennent pas d’ailleurs. Nombreux c’est sous la contrainte. Quand on arrive dans un village; on tue certain et après on dit qu’il y’a des portés disparus ; ça veut dire qu’on les ramasse sous la contrainte. Et nous pensons qu’il y a des responsables coutumiers et religieux, des personnes ressources dans certaines régions qui peuvent travailler pour trouver un terrain d’entente entre nous frère ; comprendre ce qui a amener un frère a se radicaliser ; quel est son point de vue par rapport à l’avenir de ce pays et puis prendre en compte leur préoccupation. Petit à petit la question sera réglée.
Éclair info : Le Chef de l’état a appelé a l’union sacrée de tous les burkinabè pour venir à bout de ce phénomène, comment le PPS a accueilli cet appel ?
Ousmane Boly : Nous sommes partants pour cet appel. Il n y’a pas un démembrement de la nation qui va bénéficier de la sécurité, du retour à une vie normale que les partis politiques. Je pense qu’il est nécessaire, il est même une exigence pour tout citoyen de s’impliquer à ce qu’on revienne a une vie normale parce que l’insécurité dans nos provinces, nos villages ; les partis politiques devraient être en avant garde .Nous pensons que cet appel est le bienvenue et nous nous sommes engagés résolument pour accompagner la transition pour réussir sa mission. Partout où nos militants sont c’est le mot d’ordre.