
Au Burkina Faso la démocratie a été une fois de plus interompue le 24 janvier 2022. Des militaires à leur tête Paul Henri Sandaogo DAMIBA ont renversé du pouvoir Roch Marc Christian Kaboré. Député de la 8e législature, haut commissaire de la province de Kouritenga sous la révolution, Germaine Pitroipa née Nassouri à qui nous avons tendu le micro le 28 septembre s’est prononcé sur les évènements du 24 janvier dernier et a donné son opinion sur le discours du Président DAMIBA à la tribune des Nations-Unies.
Comment aviez-vous vécu l’avènement du MPSR le 24 janvier ?
‹‹Je pense que c’est un crime contre la constitution, parce que à ce que je sache les institutions en tout cas qui ont été acceptées depuis l’insurrection de 2014, à savoir pour accéder au pouvoir on passe par les urnes, je pense que cette irruption des militaires au moment où ni le président, ni l’assemblée, ni la partie judiciaire, toutes les institutions en tout cas qui constituent la démocratie fonctionnaient et il n’ y a pas de raison que les militaires dont le premier rôle est d’assurer la sécurité du territoire fassent irruption dans ce processus-là. Qui si on le veut le processus démocratique fait qu’effectivement il y a des choses qui fonctionnent, des choses qui ne fonctionnent pas. Mais en tout cas les institutions piliées de la république de notre constitution fonctionnaient. En tout cas, je dis et je le répète cette irruption nous fait reculer près de 40 ans. 40 ans parce que nous avions grâce à l’insurrection amorcé le chemin de l’apprentissage de la démocratie par les urnes.
Pourtant le coup d’état a été justifié par l’incapacité du pouvoir Kaboré à faire face à la situation sécuritaire
‹‹ Comme vous l’avez bien dit c’était un prétexte, parce que ce n’est certainement pas, le système démocratique qui empêchait les militaires qui sont formés et payés pour ça d’assurer la sécurité du territoire, donc c’est un prétexte et l’expérience effectivement le résultat montre que ça ce n’était qu’un prétexte puisque nous continuons et celui même qui a fait le coup d’Etat dans un de ses livres il l’a dit quand l’insécurité ou du moins le terrorisme s’installe à un endroit, il faut au minimum 10 ans pour stabiliser et ramener les choses à l’ordre. Donc ce n’est pas en 2 ans comme il le demande d’ailleurs qu’ils pourront ramener la restauration, qu’ils pourront restaurer l’intégrité du territoire. Il le sait mieux que quiconque, par conséquent je considère que ce n’était pas le moment et c’est surtout pas ce prétexte là qu’il fallait utiliser. Aucun prétexte d’ailleurs ne pouvait justifier qu’on vienne interrompre le processus démocratique que nous avons accepté depuis 2014. Cet évènement fait que justement le prétexte qui a été utilisé pour interrompre le processus démocratique, violer la constitution, ces évènements montrent que ce n’était qu’un prétexte, parce que le terrorisme que nous vivons au Burkina Faso ne peut pas être circonscrit au point de justement qu’il faille interrompre la démocratie. Ce n’est pas possible, c’est la preuve que ceux qui ont interrompu la démocratie ont utilisé ça comme prétexte et ils en sont incapables, pas parce que par eux pris intrinsèquement, parce que le terrorisme tel qu’il est installé chez nous ne peut pas être vaincu en quelques temps, même pas en prétextant en disant oui il faut dialoguer, il faut dialoguer. Non ce qui provoque le terrorisme au Burkina Faso c’est le sentiment justement d’injustice sociale qui fait que la plupart comme ils l’ont reconnu d’ailleurs, tout le monde le savait que la plupart des gens qu’on appelle le terrorisme certains sont nos cousins, nos frères sont des burkinabés en rupture de banque avec la république, avec l’Etat. Sinon je pense que ce n’est pas en allant nous dire on a abattu tant de terroriste ? Si on a abattu 100 terroristes par exemple, sur les 100 nous avons à peu près presque 40% qui sont des burkinabés. Ce n’est pas le nombre de terroristes abattu qui doivent être une victoire sur le terrorisme. C’est comment nous allons réintroduire, permettre que des burkinabés, nos concitoyens considèrent que l’Etat est là pour les protéger, est là pour venir à leurs aspirations et dans ce cas-là ce n’est pas l’action militaire qui peut résoudre ce problème-là. Et ce problème de manque d’Etat dans ces régions à forte densité, à forte d’insécurité. Dans ces régions là ce développement là ce n’est que le système de débloquement qui doit être revu et comment nous comptons construire l’Etat. Mais c’est en démocratie que nous devons convaincre ceux qui veulent nous aider et nous même que nous comptons sur nos propres forces pour justement réaliser ce manque d’Etat la dans ces régions à forte densité terroriste.
Comment aviez-vous trouvé l’adresse du président du Faso à la tribune des Nations-Unies ?
Si le ridicule pouvait tuer c’est ça l’aurait emporté parce que aller aux Nations-Unies pour répéter sans le citer ce que Thomas Sankara disait c’est quand même fort de malhonnêteté parce que c’est ce que Thomas disait. Mais en même temps qu’on dit il faut justement en citant Thomas Sankara mais il fallait qu’il dise que il ne peut pas aller s’asseoir la-bas justement leur demander de venir nous aider. C’est nous même qui devons trouver des forces en notre sein. Des militaires, les avions ne peuvent rien résoudre si nous n’avons pas la conviction que nous pouvons dans ces régions ramener la paix.”