
Au Burkina Faso, les 17, 18, 19, 20, 21 et 22 novembre 2021, plusieurs manifestations se sont tenues dans les grandes villes du pays, pour faire blocage au passage d’un convoi militaire de l’armée française. Dans la région du Centre Nord, précisément à Kaya , cette manifestation a pris une envergure de taille. En effet, arrivés dans cette ville, la population a catégoriquement refusé de céder la voie aux voyageurs français. Cela a occasionné un vaste soulèvement populaire dans cette localité et dans quelques villes du pays. À l’époque, suite à ce tollé, le gouvernement burkinabè a été plongé dans un dilemme total. Quelle stratégie faut-il mettre en place pour faire quitter le convoi militaire sur le territoire? Pour décanter cette situation, une solution semble être trouvée par l’État. Celle de couper la connexion Internet pour démobiliser les manifestants, car ceux ci se servent des réseaux sociaux tels que Facebook, WhatsApp, etc., pour les alertes de regroupements. Cette proposition fut rapidement mise en place. Internet devient alors inaccessible aux environs de 22h( 20 novembre). Dès les premières minutes de l’application de cette mesure, certains citoyens ont pensé à un dysfonctionnement de leurs téléphones portables. Quelques heures après, le constat est tout autre. Les choses se précisent, enfin. L’ État burkinabè venait de suspendre la fourniture de la connexion Internet mobile sur toute l’étendue du territoire national. Seuls, les détenteurs de Wifi parvenaient a avoir accès à Internet.
L’ adoption de cette stratégie par le gouvernement disperse alors les forces des insurgés. Les manifestants sont coupés de toute communication en ligne via Internet rendant difficile la coordination des actions. Après quelques heures de vacarme dans les rues, l’on apprend de sources locales que le convoi a fait demi-tour de Kaya et a pris la direction de Ouagadougou. Dès l’annonce de cette nouvelle, les artères de la capitale sont assiégées par les révoltés. Le quartier Kossodo de la ville de Ouagadougou devient alors l’épicentre de la manifestation. Une fois l’arrivée dudit convoi à Ziniaré, une seconde information est donnée sur un probable changement de sa direction. La route de Fada est prétendue être le nouveau trajectoire des Français. C’était sans compter sur la force et les stratégies de mobilisations employées par les marcheurs. Ceux-ci ne lâchent pas prises. Une alerte est vite faite aux manifestants de la ville de Fada. En moins de deux heures, la place de la nation de la cité de Yandabri est complètement assiégée. Les grands axes de la ville sont, également barricadés, des camions sont mêmes stoppés et fouillés. Cette information s’est avérée par la suite infondée, car arrivé à Ziniaré, le convoi s’est rendu dans une garnison à Laongo. Les esprits s’échauffent donc au sein de l’opinion. Koyssam ne sait plus à quel saint se vouer, car Paris ne comprenant pas la situation. Au regard de ces événements, le gouvernement se voit, donc obligé de faire un communiqué sur la situation, pour inviter les manifestants au calme et à la retenue. Interrogé sur la coupure de la connexion Internet, l’État dit le faire à cause de la situation sécuritaire. Ce qui était vraisemblablement faux. Cela a été plutôt fait, dans l’objectif de freiner l’élan de mobilisation des citoyens. Dans l’intérêt de limiter les rassemblements et les échanges, la connexion internet mobile est restée inaccessible pendant deux semaines. Le convoi repris son itinéraire normal, c’est-à-dire l’axe Kaya-Dori en toute sérénité.
L’histoire retiendra toujours le nom de ce jeune adolescent de Kaya, Aliou Sawadogo qui avait réussi à descendre, depuis les airs, un drone militaire français durant ces manifestations. Un acte de bravoure qui a fait de lui un héros et qui a été célébré par les manifestants.
Prudence Ouédraogo
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