
Certains burkinabè ont décidément l’émotion à fleur de peau au point de faire des polémiques et de mener des débats qui n’ont pas lieu d’être. Le cas des propos d’El hadj Moussa Kouanda, Président de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF) est illustratif.
En effet, lors de l’assemblée générale de la Ligue nationale des arabophones du Burkina (LINAB), prenant la parole, El hadj Moussa Kouanda, Président de la CMBF, a déclaré qu’après le départ des Arabes dans nos pays, les Occidentaux sont venus nous coloniser et imposer un système qui est de plus en plus l’objet de critiques dans nos sociétés. Pour lui, notre système ne tient pas compte des arabophones alors que ce n’est pas la langue d’enseignement qu’il faut considérer mais les connaissances acquises. Son discours se voulant pédagogique, Ladji Kouanda, comme on l’appelle affectueusement, a indiqué que le chirurgien qui a étudié en arabe et celui qui a étudié en anglais opère le malade de la même façon, avec le même savoir et le même savoir-faire. Il faut donc, de son avis, donner les mêmes chances aux diplômés arabes au même titre que les autres.
Il a déclaré dans le même temps que les arabophones, faute d’emploi, errent dans les baptêmes et vivent comme des mendiants. Et au regard du terrorisme qui sévit dans notre pays et la sous-région, ces centaines de docteurs en langue arabe peuvent être des cibles des terroristes pour les enrôler dans leurs rangs. Voici en gros ce qu’El hadj Moussa Kouanda a déclaré à la cérémonie et un extrait de ses propos contenu dans un élément audio-visuel est véhiculé par des concitoyens qui tentent de présenter cela comme un signe d’extrémisme religieux.
Dans les commentaires, certains vont jusqu’à dire que le Président de la CMBF a envoyé ses enfants faire des études au Canada. Il a raison de le faire puisque les diplômés en français et en anglais sont plus valorisés dans notre système que les arabophones. Pourquoi doit-il scolariser ses enfants dans un système qui les expose au chômage ? C’est justement au regard de cette situation qu’il plaide pour que ceux qui n’ont pas la chance d’aller au Canada, en France ou aux Etats-Unis mais qui ont étudié dans de prestigieuses universités dans les pays arabes puissent être pris davantage en considération puisque ils ont les mêmes connaissances.
Le Président de la CMBF a posé un sujet de débat pertinent qui mérite d’être examiné avec grand soin. Mais je suis surpris et outré de constater que certains interprètent à tort et à travers les propos d’El hadj Moussa Kouanda pour semer le trouble et la zizanie entre les Burkinabè.
La CMBF est une organisation responsable et respectable tout comme son premier responsable. Nous ne pensons que son Président, El hadj Moussa Kouanda, puisse tenir des propos qui vont mettre en mal la cohésion sociale.
Moctar Compaoré, citoyen burkinabè
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