La Transition politique dirigée par le Capitaine Ibrahim TRAORE sera-t-elle victime de la Trahison des hommes politiques comme l’a été la Transition politique dirigée par Michel KAFANDO
Transition politique de 2015 : la volonté de trahir les masses est venue des hommes politiques en complicité avec des acteurs de la société civile.
En octobre 2015, alors que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) préparait la tenue des élections présidentielles et législatives pour le 29 novembre 2015, après la Résistance au coup d’Etat du Général Gilbert DIENDERE, j’étais dans une profonde déception. « Et tout ça, pour ça. » me disais-je comme pour donner raison à un journaliste du journal L’observateur Paalga. Et toute cette lutte de deux décennies qui a abouti au départ de Blaise COMPAORE le 31 octobre 2014 pour juste organiser des élections. Je me sentais trahi par deux groupes de personnes. Je me sentais trahi par les hommes politiques. Je me sentais trahi par le chef de file de l’opposition politique d’antan Zéphirin DIABRE et ses hommes qui se révélaient ainsi comme de fins manipulateurs, de véritables stratèges. Les hommes politiques burkinabè me montraient, sur toute la ligne, qu’ils n’avaient aucune ambition pour le Burkina Faso. La réforme de l’Etat, l’adoption d’une nouvelle Constitution, la lutte contre la corruption, la Refondation de la Nation étaient le cadet de leur souci. Ni Zéphirin DIABRE, ni Roch KABORE, encore moins Ablassé OUEDRAOGO n’en parlaient. Tous les hommes politiques chantaient en chœur le même refrain : « nous devons aller aux élections »
Je me sentais aussi trahi par des leaders des organisations de la société civile, qui ont réussi la prouesse de nous mobiliser pour faire barrage à la volonté de Blaise COMPAORE de réformer la Constitution en son article 37,en vue de se présenter à l’élection présidentielle de 2015. Pourquoi les leaders des organisations de la société civile ne donnaient-ils pas de la voix pour dire que nous avions mené une lutte pour plus de bonne gouvernance, pour plus de développement partagé, pour plus de sécurité sociale ? Au finish, je ne pouvais que, sur la base des prémisses, arriver à cette conclusion : il y avait une complicité tacite entre les hommes politiques et certains leaders des organisations de la société civile. Nous étions donc des moutons de panurge et les dindons de la farce ou plus exactement, j’étais le mouton de panurge et le dindon de la farce. Et je m’en voulais pour avoir été si naïf, pour avoir cru en une lutte qui n’avait que des ambitions politiques, sinon politiciennes. Au fond de moi, la douleur me tenaillait et j’étais submergé par une certaine honte. La honte d’avoir été naïf comme si j’étais un enfant, ou une jeune fille qui rencontrait son premier amour.
Burkina Faso, de la Transition à la Trahison : l’analyse d’un Résistant : c’est le titre d’un essai politique que j’ai écrit dans la douleur en 2015 pour refuser la résignation face à la Trahison des hommes politiques et des acteurs de la société civile.
Que faire ? Seul contre les hommes politiques et des leaders de la société civile, je ne pouvais rien. Je venais de dépasser la trentaine. Il y avait trois années de cela que j’avais entamé ma carrière d’écrivain professionnel. Ma voix ne portait pas et je n’étais pas connu. Mais, j’étais sûr d’une chose comme s’il s’agissait d’une révélation ou une prémonition : l’organisation rapide des élections était la pire solution et conduirait le Burkina Faso dans le gouffre et les affres du mal. Si la lutte se résume à la haine contre Blaise COMPAORE, les Burkinabè auraient choisi un combat singulier sans noblesse et sans véritable mérite. Et si Blaise a perdu son pouvoir, ceux aussi qui ont résumé toute cette lutte à la notion de «haine et de vengeance » regretteraient leur fourberie. Philosophe, j’étais convaincu que la justice immanente, régulatrice de la nature, qui avait horreur du désordre, allait juger tous les acteurs de ce désordre, de cette volonté illogique. L’histoire se chargerait de juger les leaders de la société civile et les hommes politiques qui avaient mobilisé tout un peuple pour poursuivre leurs égoïstes intérêts et satisfaire leur désir de vengeance, sinon leurs caprices et leur égo.
Impuissant, je décidai alors d’écrire un livre pour ma propre lecture et pour prendre le temps comme témoin. Je commençai alors l’écriture de mon essai politique : Burkina Faso, de la Transition à la Trahison : l’analyse d’un Résistant en novembre 2015 bien avant les élections présidentielles et législatives du 29 novembre 2015. Le 06 juillet 2016, quand je faisais la dédicace du livre au Centre National de Presse Norbert ZONGO, le mal était déjà fait. Les élections présidentielles et législatives s’étaient tenues et Roch KABORE était au pouvoir. Comme une prophétie, je terminais mon essai politique par cette phrase : « Je conclus donc que les hommes politiques burkinabè sont sur la mauvaise voie : celle de l’impérialisme, du néocolonialisme, de l’impunité, de la continuité et de l’asservissement des masses ; mais le peuple burkinabè est sur la bonne, celle de la liberté, de la responsabilité et de la rupture. Et tôt ou tard ; au prix d’âpres luttes, la volonté du peuple triomphera sur celle des politiciens, sinon des politicards. » C’était la dernière phrase qui terminait mon essai politique en novembre 2015.
La haine à mon encontre suscitée par mon livre politique sur la Transition de 2015
Par ce livre, je refusais la résignation et affichais ma volonté de ne pas subir le diktat des hommes politiques. Après la parution du livre, je me suis fait de nombreux ennemis parmi les hommes politiques, mais aussi parmi les acteurs de la société civile qui me vouaient aux gémonies. La haine à mon encontre était manifeste. De jeunes gens, membres des organisations de la société civile, ne voulaient plus me sentir. Ils se lancèrent dans des dénigrements, des moqueries et des diatribes à mon encontre sur le réseau social facebook. Et je suis resté stoïque. Les plus virulents ont été bloqués sur ma page facebook. Les moins virulents ont fini par se taire, car plus le temps passait, plus je prenais le dessus sur leur mauvaise foi, et la nature, sinon la justice immanente, me rétablissait dans mes droits. En 2020, bien avant les élections de novembre, j’annonçais sur ma page facebook l’absurdité de l’élection présidentielle que la CENI préparait. J’ai d’abord conseillé le Président KABORE de ne pas se présenter à l’élection présidentielle pour un second mandat. Mais, Roch a toujours refusé d’assumer ses responsabilités. Quand il annonça sa candidature et décida d’aller à la compétition, je savais qu’il sortirait victorieux car la corruption et les achats de conscience restaient les seules stratégies de conquête du pouvoir lors des élections au Burkina Faso. Et Roch KABORE et ses hommes avaient des milliards de francs CFA pour distribuer aux électeurs dans le but d’avoir leurs voix. Mais, la corruption au Burkina Faso mine tous les partis politiques. Le MPP, l’UPC comme le CDP ont toujours compté sur la corruption et les achats de conscience pour arriver au pouvoir. Ces trois grands partis politiques ont toujours distribué des sommes d’argent pour avoir des députés, mais aussi pour conquérir la présidence.
La fraude aux élections présidentielles et législatives de novembre 2020 adoubée par l’UPC, le MPP et le CDP.
Le MPP a commencé la fraude électorale massive en début d’année 2020. Les ministres et les députés du MPP, dans toutes les provinces, établissaient des cartes nationales d’identité pour les populations. Ces cartes permettaient à ces hommes et à ces femmes de se faire enrôler sur les listes électorales. Voilà une véritable stratégie de corruption électorale. Elle coûtait des millions de francs CFA aux députés et aux ministres, mais cet argent était puisé d’une manière ou d’une autre dans les caisses de l’Etat pour acheter les consciences des masses. J’ai dénoncé, par des publications, cette stratégie de corruption sur ma page facebook. Le MPP était le parti politique le plus spécialisé dans cette stratégie de corruption. J’avais alors appelé le CDP et l’UPC à dénoncer les pratiques corruptives électoralistes du MPP. A ma grande surprise, ces deux grands partis politiques ont refusé de dénoncer la stratégie parce qu’eux aussi faisaient la même chose que le MPP. Chaque parti était donc dans l’achat des consciences avec ses moyens.
Réélu en novembre 2020 au premier tour, Roch KABORE et ses hommes transforment l’Etat en une vaste entreprise. L’argent du contribuable est détourné par milliards de francs CFA pour de futiles projets personnels et égoïstes. La lutte contre le terrorisme est loin d’être un défi à relever. L’insécurité est grandissante et c’est tout naturellement, comme je l’avais prévu, que Roch KABORE a été renversé par un coup d’Etat le 24 janvier 2022 par des militaires organisés au sein du MPSR avec à leur tête le lieutenant colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA. DAMIBA n’ayant aucune ambition patriotique avait pour objectif d’aider le CDP à prendre sa revanche sur le MPP qui lui avait retiré, en réalité, le pouvoir d’Etat. Voilà ce qui explique l’échec du lieutenant colonel DAMIBA et sa chute le 30 septembre 2022. De jeunes officiers conduits par le capitaine Ibrahim TRAORE prennent alors le pouvoir en septembre 2022. C’est pratiquement le dernier rempart. Le capitaine Ibrahim TRAORE a décidé d’instaurer une gouvernance de rupture attendue par la grande majorité des Burkinabè depuis des années. Et c’est ainsi qu’il a gagné la confiance des masses et le soutien franc et sincère des intellectuels patriotes.
Quand les hommes politiques préparent un autre complot de l’histoire comme en 2015
Les hommes politiques, depuis quelques semaines, préparent leurs troupes dans leurs quartiers généraux. Ils tiennent à organiser des activités politiques au nom de la Constitution qui leur permet l’organisation de ces activités. En réalité, comme en 2015, les hommes politiques préparent une autre Trahison nationale. Ayant utilisé les masses lors de l’insurrection populaire pour assouvir leurs funestes désirs, les hommes politiques reviennent à la manœuvre avec la plus grande perfidie qui soit. La Transition du Capitaine TRAORE doit faire le juste minimum comme celle dirigée par Michel KAFANDO. Ils ont tous les arguments et ils ont recruté des journalistes, des activistes et des chroniqueurs de médias pour les accompagner. Et comme la véritable leçon de l’histoire est que les hommes ne retiennent rien de l’histoire, il se pourrait que le peuple se laisse prendre, une fois de plus, dans le piège des hommes politiques. Nous avons, désormais, plus que l’obligation de nous engager non pas pour soutenir les autorités politiques, mais pour venir en aide aux masses qui comptent sur les hommes et les femmes de bonne volonté.
Comme en 2015, les hommes politiques veulent mettre fin à la Transition par tous les moyens possibles pour retrouver leurs privilèges, reprendre leurs vols et leurs détournements. Tant pis si les masses meurent de faim et si les terroristes prennent le reste du pays. L’excitation de Zéphirin DIABRE et de tous les autres politiciens du pays n’a qu’un seul objectif : revenir sur la scène politique en répétant le même scenario, celui de 2015. Les hommes politiques veulent interrompre l’espoir de tout un peuple pour mettre en évidence l’espoir des individus. Les hommes politiques savent ce qu’ils veulent. Ils savent défendre leurs intérêts aussi mesquins et égoïstes qu’ils soient. Il appartient aujourd’hui à tous les patriotes, à tous ceux qui aiment ce pays de faire barrage au projet funeste des hommes politiques. Les élections ne donnent ni de la nourriture aux personnes déplacées internes, ni des armes pour combattre le terrorisme. C’est un long processus, inutile et budgétivore en cette période de crise. Nous devons affirmer notre droit d’existence face aux lubies et à l’immoralité des hommes politiques. Nous avons tous des droits. S’ils ont hypothéqué, au nom de la démocratie, l’avenir de toute la nation pendant sept ans, de 2015 à 2022, nous devons refuser de leur donner une autre chance. S’ils estiment avoir le droit à tous les privilèges, à toutes les gabegies, à toutes les mondanités, nous devons leur montrer que les masses laborieuses ont le droit à la vie, et le droit à la vie prime sur les droits à la bourgeoisie.
Faisons barrage aux hommes politiques afin que le projet de l’apocalypse nationale qu’ils préparent une fois de plus, soit un véritable échec. Ne tombons point dans le piège de 2015. L’histoire doit nous rendre matures et résilients.
Dieu bénisse le Burkina Faso.
Adama Amadé SIGUIRE
Ecrivain Professionnel
Consultant en relations humaines et en management des cellules sociales
Enseignant de philosophie.
Sociologue du développement durable.