
À l’issue du sommet extraordinaire tenu à Addis-Abeba en Éthiopie le 19 février, les chefs d’État membres de la CEDEAO ont décidé du maintien des sanctions contre le Mali, le Burkina et la Guinée. Également, ils ont interdit les officiels de ces pays de voyager. Nous avons recueilli ce 20 février l’avis de Dr Yacinthe Ouédraogo à ce propos .
Quelle analyse faites-vous du maintien des sanctions de la CEDEAO contre le Mali, le Burkina et la Guinée ?
Le maintien des sanctions de la CEDEAO contre les (03) pays à savoir le Mali, la Guinée et le Burkina Faso n’est pas une surprise car le chien ne change pas sa manière de s’asseoir. La CEDEAO depuis longtemps est en déphasage avec les aspirations des peuples.On a toujours voulu une CEDEAO des peuples mais elle demeure un club des présidents coupé des réalités de leurs peuples. Des dirigeants qui n’ont pas d’oreilles pour entendre les gémissements de leurs peuples mais des présidents qui se complètent dans la défense des intérêts de la France et qui veulent imposer à l’Afrique une démocratie qui n’apporte rien. Ce n’est pas que la démocratie est mauvaise, nous sommes pas contre la démocratie mais celle occidentale dans son format actuel ne peut pas conduire à un facteur de développement en Afrique et qui se contente à être une démocratie électoraliste qui n’apporte rien. Il faut qu’on apprenne à démocratiser la démocratie, elle doit inspirer nos valeurs endogènes notre sociologie notre anthropologie sinon on vas toujours injecter des milliards dans des campagnes mais on n’aura jamais un système de gouvernance qui puisse apporter le développement conséquent en Afrique.
La CEDEAO maintient ses sanctions parceque qu’elle s’enferme dans une logique de maintien de pression sur ses États qui sont comme des indisciplinés ou des pays qui tentent de prendre leurs destins en main. La maintenance des sanctions est le fait que la CEDEAO veut exercer une pression à queue sur ces pays en sachant que ces pression peuvent créer un désespoir au sein des peuples. Puisque quand la pression monte, le peuple perd espoir. C’est une manière de contraindre ces régimes en place soit à se soumettre à la volonté de la CEDEAO, soit à les acculer à l’intérieur de ses dirigeants lâchés des populations alors c’est leur chute on pourra donc pas l’éviter. Mais je crois que ces mesures peuvent être contre productives dans la mesure où ces mesures au lieu d’isoler politiquement les dirigeants de ces (03) pays risquent de participer à l’éveil des consciences. Ces mesures peuvent participer à la culture du patriotisme dans ces différents pays car le peuple prend conscience, il agrandit en maturité. La conscience politique est en train de s’installer au niveau de ces pays. Je crois qu’au lieu que cela participe à la chute de ces régimes ou que cela amène ces dirigeants à infléchir leur politique pour aller dans le sens des mesures de la CEDEAO, ces mesures vont davantage creuser le fossé entre la ligne politique de ces dirigeants prônée par la CEDEAO.
Et de l’interdiction de voyage faite aux officiels de ces pays ?
Je crois que les interdictions de voyage aussi pour les membres du gouvernement et aussi les hauts fonctionnaires dans l’espace CEDEAO est dans la même dynamique d’isolement politique des sanctions diplomatique et plus, c’est pour paralyser toute les dynamiques que ces transitions tentent d’impulser à leur gouvernance tout cela pour que ses trois pays se souhaitent aux injonctions de la CEDEAO. Incapacité de voyager égale à limitation de l’action gouvernementale, égale à limitation de se faire accompagner dans sa politique étrangère par d’autres pays. Cela limitera la capacité de résolution des problèmes financiers, diplomatiques, des injonctions visant à empêcher ces transitions d’aller au delà du délai déjà arrêté. Puisque quand on constate la dynamique dans ses trois pays, la durée de la transition, les délais risquent de ne pas être respectés. C’est faire monter la fièvre, accroître les pressions à tout les niveaux pour que ces trois pays rentrent dans les rangs de la pression des interdictions. C’est un effet contraire qui risque de produire parce que on a aussi vu sous la révolution des mesures qui ont été prises contre la révolution qui n’ont pas empêché la naissance dans d’autres pays le sentiment révolutionnaire. Tout les pays voisins du Burkina Faso chantait l’explosion de la fièvre révolutionnaire et la jeunesse dans ses pays commençaient donc à aspirer l’éclosion de la révolution dans leur pays. Je crois que ces mesures d’isolement aurons à mon sens des sujets contraire car si c’était un seul pays la dynamique peut être ralentie mais à l’échelle de trois pays cela va dépendre aussi de la capacité de ses trois pays de se rapprocher, pour travailler main dans la main; déjà on parle de fédération qui prendra du temps. Il y’a des politiques transversales qui peuvent être développées dans ses trois pays. Il y’a donc des secteurs qui peuvent être développés et qui pourront permettre à ses trois pays de travailler et de pouvoir minimiser l’impact de ces mesures d’interdiction de voyage et même des sanctions.
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