
Tribune/Football: rendez-vous de la galère, c’est du sauve qui peut
Il est de notoriété publique, que le championnat national de football de D1 au Burkina, bon an mal an, se dispute jusqu’à son terme. Un rendez-vous sportif qui tient le haut du pavé des compétitions nationales. C’est dire que le football occupe une place prépondérante dans la vie de la nation et le sport de façon générale, est devenu une activité d’utilité publique. A côté du droit à la vie, au développement, à l’école, du droit à la culture, à la santé, à l’information, il y a le droit au sport et à l’éducation physique. Ceci expliquant cela, le sport constitue véritablement une alternative, face aux fléaux qui menacent la jeunesse.
Le football que l’écrivain et éditeur Roger Chabaud, considère « comme le plus grand dénominateur commun de la misérable humanité », fait retenir le souffle de tout un pays en ce moment ; en effet le faso-foot 2022-2023, ce baromètre du football national, a enregistré pour la première fois de son histoire, un mémorable couac dans le déroulé de la 22è journée. Devant Dieu et les hommes, l’ASEC de Koudougou, 8ème au classement, a eu le culot de se présenter au Issoufou Joseph Conombo avec 7 rescapés pour jouer l’AS Douanes, le leader. Et comme il fallait s’y attendre le cirque n’a duré que huit (8) bonnes minutes ; De 7 éléments au coup d’envoi, l’ASECK réduite à 6 pour cause de blessure du septième joueur, n’est donc pas autorisée, selon le règlement technique de la compétition, à poursuivre le match. C’est de droit donc que le directeur du jeu a mis fin au supplice qui se préparait.
Rassurez-vous, ce n’est pas le clap d’un nouveau film au FESPACO 2023, qui bat son plein en ce moment précis ; C’était ni plus ni moins, l’invité surprise de la 22ème journée du championnat national de football de D1, ce dimanche 26 février au stade municipal Dr Issoufou Joseph Conombo dans la capitale burkinabè.
Face à une telle grossièreté, la cause de Boureima Kaboré et ses hommes, est déjà entendue. Un gâchis sans précédent dans les annales de la compétition nationale. Les jaunes et noirs de koudougou en osant franchir le rubicon de la sorte, l’on peut dire qu’ils se sont tirés une balle dans les pieds. Il est peut-être certain que le capitaine Anthagana et ses coéquipiers tirent le diable par la queue ; ils ne mangent peut-être plus à leur faim. Mais qu’à cela ne tienne, l’absence remarquée ce jour-là au stade, suffisait à lever le gros lièvre.
En vérité, l’affront des employés de commerce de koudougou n’est que la partie visible de l’iceberg ; le faso-foot est à la croisée des chemins ; ils sont nombreux les clubs de D1 et D2, qui à haute et intelligible voix, « avouent que la division de l’élite ne nourrit plus son homme au pays ». Ceci explique à suffisance, la profondeur de la crise qu’elle traverse de nos jours. Mais de quoi souffre le football burkinabé ? Où va-t-il ?
Ce qui est intéressant à retenir, il faut savoir que les cavaliers rouges de koudougou, las certainement de laver le linge sale en famille, l’ont librement fait au grand jour.
Et pourtant la problématique du financement du sport et du football surtout, a toujours été un sujet d’actualité, une préoccupation nationale. On s’en souviendra qu’entre 2013 et 2014, le Ministre des sports d’alors, le colonel Yac avait pris l’engagement d’octroyer une somme forfaitaire de 100 000F par joueur et par club. Ensuite David Kabré qui l’a remplacé aux affaires et Sita Sangaré, président de la fédération de football en place, avaient balisé « l’opération » en signant un mardi 6 Janvier 2015, la convention financière, au profit des clubs de football de D1 et D2. Une aide qui servira à payer les « salaires des joueurs », nous avait-on dit, à savoir 100 000F par club et par joueur, soit 16 clubs et 25 joueurs de D1 et D2. De fil en aiguille, on est tombé à 50 000f par moi/ joueur de D1, et 30 000F par moi / joueur de D2. Cette épine que le département des sports et loisirs enlève des pieds des clubs, semblait être la démarche, la voie royale à suivre pour relancer le football en le dotant de « clubs forts et performants ». Mais que nenni, sommes-nous tenté aujourd’hui de proclamer !
Le courage comme l’honnêteté nous imposent de le dire, de le souligner avec force, que les clubs de football de D1 et D2 du pays, sont malgré tout, dans l’angoisse du quotidien, dans la tourmente du lendemain, dans une galère indescriptible, un dénuement presque total et qui ressemble fort déjà à un dépôt de bilan….Sous d’autres cieux, on dira que la grande famille de football, a mis la clé sous le paillasson.
Dans tous les cas, au regard du spectacle désolant, déconcertant et contre nature, servi dimanche dernier par l’ASEC Koudougou, un club de l’intérieur qui avait le vent en poupe dans la compétition (8ème au classement à l’issue de la 21è journée), l’on est en droit de se demander, si ce qui avait été dit et signé, s’est exécuté dans les règles de l’art ; sinon comment comprendre « ces cris de détresse des acteurs » en ce moment ; où sont donc passés leurs salaires subventionnés par l’Etat ! Questions
Mieux la création du Fonds National pour la Promotion du Sport et des Loisirs ( FNPSL) , était également une « botte sécrète », afin que les sports burkinabé dans leur ensemble, portent la promesse des fleurs. Ici aussi, bouche cousue, du flou artistique. Les oiseaux vont-ils se cacher pour mourir !
Les années passent, les gouvernements aussi, mais le fond du problème reste toujours posé. Du saupoudrage, du sur place qui n’honorent pas les hommes chargés de la gestion de la décision ! Ainsi Il est plus qu’impérieux de mettre « tous ces bénévoles de notre football » devant leurs responsabilités, afin qu’une solution idoine sorte enfin des entrailles de tous, car tous coupables.
En effet, le dirigeant sportif ne doit pas être un conquérant de l’inutile, un expert en dissimulation des subventions d’où qu’elles viennent, à la carte de visite envoûtante, mais aux résultats squelettiques ; en d’autres termes : grand football = grands clubs = grands dirigeants = grands supporteurs = grands actionnaires partenaires, etc. tout le monde y gagne.
Au demeurant, le Ministre transitaire du sport, de la jeunesse et de l’emploi, Boubakar Savadogo, est très attendu sur le terrain de la bonne gouvernance avec des dossiers aussi urgents les uns que les autres ; tel celui de la rénovation du « stade du 4août ». Ne dit-on pas qu’un homme prévenu en vaut deux !
A notre entendement, le temps d’acclimatation du nouveau et nouveau Ministre ! est terminé. Trop c’est trop, le cocotier doit être secoué.
V.M.H/Le Doyen
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