
Ceci est une tribune de l’écrivain professionnel burkinabè Adama Amadé SIGUIRÉ
‹‹ Au Professeur Oumarou Adamou, Juriste constitutionnel, maître de conférences nigérien
Après la sortie du Président nigérien Mohamed BAZOUM, c’est le Professeur Oumarou Adamou, juriste constitutionnel et maître de conférences qui fait une sortie pour répondre aux propos du porte-parole du gouvernement burkinabè. Dans la sortie du Président nigérien, celui-ci reconnait la faiblesse de l’armée nigérienne et son incapacité à défendre le territoire nigérien et par conséquent, il soutient la collaboration du Niger avec des puissances extérieures, surtout la France pour combattre le terrorisme. Mais, si le Président Mohamed BAZOUM se donne le droit de collaborer avec le pays colonisateur qui exploite le Niger et son peuple depuis le 19e siècle, s’il affiche sa fierté d’être sous les ordres de l’impérialisme et de ne vouloir ni la souveraineté ni la liberté pour le Niger et son peuple, le Président BAZOUM dénie le droit à la souveraineté et à la liberté aux peuples malien et burkinabè. C’est typiquement l’esclave qui refuse de se battre pour sa liberté et qui combat les esclaves qui rêvent de s’affranchir et de se libérer du joug du maître.
Après cette sortie bien hasardeuse du Président nigérien, les autorités burkinabè qui s’assument devant l’histoire et devant leur peuple ont réagi. C’est ainsi que le ministre Emmanuel OUEDRAOGO a fait une sortie pour répondre aux propos lâches du Président BAZOUM. Dans sa sortie, le ministre burkinabè de la culture et de la communication dit ceci : « Confier cette guerre a des armées venues des contrées lointaines, c’est avoir une courte vue en pensant que des soldats vont quitter l’Occident et venir se sacrifier de façon désintéressée pour le destin de nos pays. Mais, visiblement, le Président nigérien a fait l’option de confier son pays et le destin de son combat à des pays étrangers. » Effectivement, dans son interview, le Président nigérien révèle deux choses : il ne croit pas à l’armée nigérienne encore moins au peuple nigérien. Comment un pays peut-il gagner une guerre en comptant sur une armée étrangère ? Et Mohamed BAZOUM a le courage de fustiger le Mali et le Burkina qui ont fait le choix de la responsabilité, qui ont décidé de compter sur leurs armées et sur leurs peuples. Et l’attitude du Président BAZOUM me rappelle ces propos de CHURCHILL : « Il est meilleur d’être irresponsable et dans le vrai que d’être responsable et dans l’erreur ». C’est pour dire que quoi qu’il en soit, le Mali et le Burkina ont opté pour le vrai alors que le Président BAZOUM a opté pour le faux et il ne sert à rien d’être responsable dans le faux.
Après la réaction du ministre burkinabè de la culture et de la communication, c’est un juriste, haut cadre de l’administration nigérienne, un professeur des universités avec le grade de maître de conférences qui vient au secours du Président BAZOUM qui manque d’arguments pour défendre sa thèse illogique. Et c’est ainsi que depuis le 28 mai 2023, un écrit du Professeur Oumarou Adamou, juriste constitutionnel circule dans les réseaux sociaux. Le constitutionnaliste nigérien défend la sortie du Président BAZOUM et il envoie une volée de bois vert aux autorités burkinabè et malienne. Dans sa sortie, le constitutionnaliste nigérien pointe du doigt les faiblesses des armées burkinabè et malienne qui n’arrivent pas à vaincre l’hydre terroriste. Il accuse surtout l’armée burkinabè de ne réussir que dans les coups d’Etat. Apparemment, le lecteur pourrait vite donner raison au Professeur Oumarou Adamou quand il parle de la faiblesse de nos armées. Mais, pourquoi nos armées sont si faibles ? Voilà une préoccupation qui ne préoccupe pas le juriste nigérien. Si nos armées, après soixante années d’indépendance, sont si faibles, c’est parce qu’elles ont été mises sous coupe réglée. Le colonisateur, pour ne pas dire la France, n’a jamais voulu d’une armée forte dans nos Etas. Et c’est pour cela qu’il y avait les accords militaires que le Burkina a dénoncés. Et pourquoi la France a travaillé pour que nos armées soient des tigres de papier ? C’est pour pouvoir nous exploiter.
Les armées burkinabè et malienne que le Professeur accuse d’être des armées incapables de vaincre le terrorisme ne sont pas différentes de l’armée nigérienne. L’armée nigérienne non plus n’a pas pu vaincre ce mal. Et la seule solution, sinon la pire solution, que le Professeur Oumarou Adamou et son Président BAZOUM ont trouvé, c’est de confier la défense de leur peuple et de leur territoire à des armées étrangères. Quand on est faible, la logique voudrait qu’on se batte pour être fort et non pas qu’on renonce à toutes initiatives d’acquérir de la force pour en faire bon usage. Et pourtant, le Professeur Oumarou Adamou et son Président ont fait l’option de la démission alors que le Mali et le Burkina ont fait l’option de la conquête en comptant sur leurs peuples et en diversifiant leurs partenaires tout en assumant leur choix. Quels conseils le juriste et Professeur Oumarou Adamou et son Président peuvent donner à ces deux peuples ? Il n’appartient pas aux lâches de conseiller les courageux dans l’histoire.
Quand le Professeur Oumarou Adamou accuse l’armée burkinabè de ne réussir que les putschs, il pourrait vite avoir des admirateurs ici même au Burkina. Mais, à ce niveau aussi, le Professeur se montre inculte, car il ignore l’histoire de ce vaillant peuple burkinabè. De nature, le peuple burkinabè est un peuple qui aspire à la liberté et à la souveraineté, qui a horreur de l’exploitation et de la domination. En 1966, le premier coup d’Etat fait suite au refus du peuple de se laisser dominer par un homme qui est plus attaché à ses intérêts qu’aux intérêts de la nation. Le 4 août 1983, le coup d’Etat qui a porté le capitaine Thomas SANKARA au pouvoir marquait le refus de l’impérialisme, de la domination et de la servitude voulus par Jean Baptiste OUEDRAOGO. Le 30 octobre 2014, c’est un peuple déterminé à se libérer des griffes d’un groupuscule d’hommes et de femmes qui l’ont exploité pendant 27 ans qui a chassé le Capitaine Blaise COMPAORE du pouvoir. Le 30 septembre 2022, le coup d’Etat était le refus du négationnisme et du retour des forces réactionnaires au pouvoir et c’est ce coup d’Etat qui a permis au peuple de rompre avec la servitude imposée par les forces coloniales.
Même si le Professeur Oumarou Adamou se moque de l’histoire, il doit savoir que la France a construit sa cinquième République après un coup d’Etat et c’est un militaire du nom de Charles de Gaule qui a été l’acteur principal de ce changement. Le Professeur Oumarou Adamou n’a aucune leçon à donner au peuple burkinabè qui assume et trace désormais son destin au prix de tous les efforts et de tous les sacrifices. Et tôt ou tard, le peuple nigérien empruntera le chemin tracé par les peuples malien et burkinabè. Je dis bien tôt ou tard, car il n y a pas d’autres voies pour conduire le peuple nigérien vers la liberté et le développement.
Le juriste continue dans sa diatribe. Il accuse le Burkina de faire recours à des VDP qui ne sont pas formés pour défendre le territoire. Le Professeur Oumarou Adamou ne sait pas qu’il vaut mieux de compter sur sa propre chèvre que de compter sur le chien de garde d’une autre personne, car le chien de l’autre qui vous garde fait de vous la proie de son maître. A tout moment, il pourrait vous mordre si son maître le lui demande. Et pour éviter qu’il ne vous morde, vous avez l’obligation de vous soumettre à la volonté de son maître. Tant mieux si le Burkina décide de compter sur des Burkinabè appelés VDP et non pas sur des Français et des Allemands pour libérer le territoire. Le Professeur Oumarou Adamou montre dans son écrit, qu’il est un diplômé classique, conformiste qui a toujours refusé de s’interroger et qui a peur d’exercer sa raison souveraine. Il est le prototype du diplômé formé par l’école néocoloniale française.
Comment comprendre que pour le Professeur Oumarou Adamou, la voie choisie par le Président nigérien soit la meilleure et celle choisie et assumée par les autorités burkinabè et malienne soit la mauvaise ? Le Professeur Oumarou Adamou donne raison au roi Léopold II de la Belgique qui disait ceci aux missionnaires belges quand ils se rendaient en Afrique en 1883 : « Vous devez les détacher et les faire mépriser tout ce qui leur procurerait le courage de nous affronter. Insistez particulièrement sur la soumission et l’obéissance. Evitez de développer l’esprit critique dans vos écoles. Apprenez aux élèves à croire et non pas à raisonner. » Voilà des propos qui expliquent le comportement et le jugement de ce juriste nigérien. Pour le juriste Oumarou Adamou, la lâcheté est une vertu et le courage est un vice, sinon un crime. Il se réjouit que le Président nigérien BAZOUM ait opté pour la lâcheté, pour le conformisme, pour le suivisme. Et il se demande pourquoi les autorités burkinabè et malienne rêvent de souveraineté et de liberté ? C’est ce rêve et cette volonté de se déterminer, que ce bon diplômé ?? de l’école française qualifie, dans son écrit, de populisme à coup de canon. Et c’est toujours ainsi. De nombreux diplômés de l’école française vivant en Afrique sont de véritables dangers pour leurs Etats. Et ce juriste nigérien en est un. Ils sont nombreux au Niger comme ici au Burkina. Et cela donne raison à Antoine de Saint EXUPERY qui disait : « Il n y a pas de fatalité extérieure. Mais, il y a une fatalité intérieure. » De nombreux diplômés africains sont bien des fatalités intérieures qui prédisent la fatalité pour leurs peuples.
Le Professeur Oumarou Adamou est incapable de comprendre et d’accepter que le droit constitutionnel qu’il enseigne à ses étudiants n’est pas tombé du ciel. Ce n’est pas non plus la révélation de Moïse, de Jésus ou de Mohamed. Le droit constitutionnel qu’il enseigne est la fabrication d’une intelligence destinée à dominer des hommes et des femmes et à les soumettre à un modèle de pensée. Le jour où le Professeur de droit constitutionnel Oumarou Adamou serait capable de penser par lui-même et pour lui-même et pour le peuple nigérien, il comprendrait que le développement de l’Afrique serait panafricain ou il ne serait pas. Le Niger et les Nigériens sont condamnés à s’assumer comme le font les Maliens et les Burkinabè. Il n y a pas une autre voie ››
Adama Amadé SIGUIRE
Ecrivain Professionnel/ Consultant en relations humaines, en management des cellules sociales et en communication pour le développement. Enseignant de philosophie.
www.eclairinfo.net